La performance acoustique en logement

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Le confort acoustique est un élément important de la qualité de vie dans un logement. Or, environ 54% des ménages vivant dans des villes de plus de 50 000 habitants se déclarent gênés par le bruit.

En effet, les sources de bruit sont multiples et les nuisances sonores peuvent entraîner une gêne, des troubles de la vigilance, de l’attention, de l’apprentissage, et affecter la santé (stress, troubles du sommeil, pathologies cardio-vasculaires,…).

L’acoustique est un paramètre très souvent négligé dans la conception et dans l’exécution d’un chantier. C’est pourtant un élément essentiel dans l’expérience qu’auront les clients de leur logement qu’il convient donc de maîtriser.

Le processus de garantie d’une qualité acoustique satisfaisante pour un logement ne doit pas se limiter aux normes en vigueur. Bien qu’il existe des certifications, telles que le Cerqual de l’association Qualitel, leur efficacité peut être limitée. Il est souvent judicieux de faire appel à un ingénieur acousticien pour la phase de conception.

Les étapes clés du processus pour assurer une qualité acoustique optimale sont les suivantes :

 

 

1. Vérifier les classements de façade:

 

Les classifications acoustiques des façades sont parfois obsolètes et ne reflètent plus la réalité du terrain. De plus, les constructeurs ne sont tenus de respecter ces classifications qu’avec une marge de tolérance de 3 dB, ce qui équivaut à une réduction de moitié de l’efficacité acoustique.

Par conséquent, il arrive que toutes les réglementations soient respectées, mais que  la qualité acoustique du bâtiment ne réponde pas aux attentes des acheteurs. 

 

Dans le cas où une rue autrefois calme est maintenant devenue une voie de circulation importante, il peut être judicieux d’augmenter la performance acoustique de 36 dB à 39 dB, et cela ne représente souvent qu’une légère augmentation des coûts au mètre carré.

 

 

 

2. S’assurer d’une bonne conception: 

 


Le processus commence par une analyse minutieuse des plans de l’architecte. Alors que certains architectes accordent une grande importance à la qualité acoustique, d’autres mettent l’accent sur l’esthétique et peuvent négliger cet aspect crucial.

 

Pour les constructions en béton coulé sur place, il est important de s’assurer que les voiles de façade ont une épaisseur d’au moins 18 cm, mais idéalement de 20 cm pour obtenir des classements acoustiques supérieurs à 35 dB.

 

En revanche, les constructions en brique, en parpaing ou en bois sont bien moins isolantes; Il est donc essentiel de vérifier si un bon complexe d’isolation est prévu à l’intérieur et/ou à l’extérieur. Les murs préfabriqués avec isolation intégrée (MC2i) sont considérés comme haut de gamme, car ils offrent d’excellentes performances acoustiques et thermiques, mais ils sont également plus coûteux.

 

Les fenêtres sont souvent le point faible d’une façade (à l’exception des défauts de construction), et le remplacement de fenêtres peut rapidement devenir coûteux. Toutefois, l’utilisation d’entrées d’air déportées peut offrir une isolation acoustique supérieure à un prix abordable.

 

Il est important de séparer les logements les uns des autres et des espaces communs avec des voiles béton d’une épaisseur de 20 cm, auxquels s’ajoutent des isolants si nécessaire, notamment lorsque les voiles donnent sur un ascenseur.

 

 

3. Réduire les bruits aériens:

 

Les bruits aériens sont des sons qui se propagent dans l’air et peuvent être causés par des voix, de la musique, du trafic, etc.

 

Un complexe masse-isolant-masse offre une isolation acoustique optimale contre ce type de nuisances sonores. Par exemple, un plancher béton recouvert d’une chape et isolé par un résilient acoustique garantit une excellente isolation acoustique verticale. De même, un voile béton accompagné d’une contre-cloison styl offre une bonne isolation acoustique.

Cependant, il est important de maintenir la continuité de ces isolants pour assurer une bonne isolation aérienne contre les bruits de voix, de musique ou de voitures. Les points faibles du complexe sont les éléments les plus vulnérables à la pénétration sonore, il est donc crucial de vérifier que les murs ne sont pas amincis et que l’isolant est continu. Il est également important de s’assurer que les trappes ont une performance adéquate en relation avec la cloison dans laquelle elles sont intégrées.

 

Réduire les bruits de choc:

 

Les bruits de choc sont des bruits produits par des impacts, des chutes ou des vibrations qui se propagent à travers les sols, les murs et les plafonds. Ils sont différents des bruits aériens qui se propagent dans l’air.

Les bruits de choc peuvent être particulièrement gênants dans les immeubles d’habitation, car ils peuvent être entendus dans les pièces adjacentes et même dans les étages inférieurs.

Les exemples courants de bruits de choc comprennent le bruit des talons sur le sol, le déplacement de meubles, les portes qui claquent, les enfants qui courent et les travaux de construction. L’isolation acoustique peut être utilisée pour réduire la transmission des bruits de choc et améliorer le confort acoustique dans les espaces de vie.

Il est possible d’y remédier considérablement en utilisant un revêtement de sol plastique vinyle ou lino, qui imitent parfois les revêtements naturels à s’y méprendre. Si les acquéreurs préfèrent du parquet ou du carrelage, s’assurer d’avoir une chape acoustique en béton, ou à défaut une dalle d’au moins 23cm d’épaisseur.

 

La qualité d’exécution:

Les normes et certifications imposent souvent une bonne qualité de conception. C’est lors de l’exécution que surviennent les défauts qui peuvent engendrer des désagréments acoustiques importants. Ceux-ci peuvent parfois ne pas être repérés par les organismes certificateurs, car les vérifications se font par échantillonnage.

 

Il convient donc de veiller, ou de s’assurer que la maîtrise d’œuvre veille particulièrement à certains points de vigilance. Les erreurs très fréquemment rencontrées sur les chantiers, incluent :

 

  • La discontinuité de l’isolant sous chape : Il faut s’assurer que celui-ci n’est jamais interrompu, et que lorsqu’il doit l’être temporairement, notamment au niveau des attentes de plomberie, qu’il soit bien replacé lorsque celles-ci sont rebouchées.

  • Les plinthes qui collent au sol : Si les plinthes, notamment en matière dure comme le carrelage, sont collées au sol, elles transmettent les bruits de chocs aux murs. Il faut s’assurer qu’elles sont séparées du sol par un joint silicone lorsqu’elles sont en carrelage et par le résiliant sous chape lorsqu’elles sont en parquet.

  • Les passages de gaine mal rebouchés : on voit souvent sur les chantiers des trous dans les dalles servant à faire passer les réseaux de plomberie. Une fois passés, le vide qui reste est souvent comblé avec ce que les ouvriers ont sous la main comme de la mousse polyuréthane. Or la mousse a une densité des centaines de fois plus faible que le béton, ce qui crée une importante faiblesse acoustique. Il existe des solutions du commerce peu onéreuses et très pratiques pour résoudre ce problème (ex : Ankrodal)

  • Les trous de « carotte » béton oubliés derrière le doublage : Afin de serrer les banches entre elles pour bétonner les voiles, on laisse des trous dans les murs, qu’on rebouche ensuite avec des « carottes » en béton. Si un trou est oublié et que le plaquiste double le mur sans y faire attention, c’est une importante faiblesse acoustique que l’on crée.

D’une manière générale, il convient de vérifier la discontinuité des matériaux, et de l’emploi de résiliant présentant les bonnes performances acoustiques. Un isolant sous parquet flottant en liège peut par exemple être deux fois moins efficace que son homologue en matière synthétique.